Je vois (voix : Eddy Saint-Martin, texte : Gaëlle Redon) by noirÒrion
Travail réalisé en premier jet pour illustrer “musicalement” les textes de Gaëlle Redon
voix : Eddy Saint-Martin

paroles :

Je vois par les branches d’achillée.

Je vois par les épingles,
par la farine de froment.
Je vois par le sel, par le pain d’orge
et par la tête des nouveau-nés.

Je vois par le vent,
je vois par l’imprévu,
par le charbon,
par l’araignée et l’éclosion,
je vois par le biscuit.

Par les astres et par la grenouille.
Je vois par la hache,
par le grand duc et par la rouille,
par le papier et par la pluie.
Je vois par les orages.

Par la fumée.
Je vois par les terrasses et les cafés,
je vois par les miroirs,
par les combustions et les tarots,
par la fonte et les corbeaux.

Je vois par la goutte de cire tombée dans l’eau,
je vois par la cassure du bréchet,
je vois par le crâne gauche et le cristal,
par les oignons et par ton chien,
par le poulet, par les bâillements.
Je vois par le laurier,
par tes entrailles,
par l’huile et ton poireau dégorgé.

Par l’encre et par la foudre.
Je vois par l’eau cuite et par le sandre,
par le lièvre et les chevaux.
Je vois par la chute du prophète dans tes dents.
Je vois par les mouches à viande,
par le foie et par ton sang,
par les cailloux,
je vois par les lampes et les flambeaux.

Par les pommes.
Je vois par les symptômes,
par l’encens et par le cru,
par les météores et les menstrues.
Je vois par l’œuf et par les rats,
je vois par la patine et par les crocs,
par les paradigmes et par le plomb,
par le loup et par le front.

Je vois par la neige et le vin,
par l’ange et par la mort,
par le putride et le silence,
par les rognures de rossignol,
les reflets d’or et par les cris.

Par les coquillages.
Je vois par les os broyés.
Je vois par le hasard et par les croûtes.
Par le froissement, par le pois sec.
Par les viscères de coucou et la carapace des tortues.
Je vois par le sourcier et tous les fleuves du monde.

Je vois par tes omoplates brûlés.
Par ta merde.
Par les nuages sous tes nombres et l’ombre portée par tes morts.
Par le lézard éventré et par le fer rougi dans ta plaie.
Je vois par tes cendres.

Je vois par les ombellifères et par le thé.
Je vois par les prodiges, je vois par l’aube
et par la vague et le figuier.
Je vois par le sable et par l’envol,
je vois par les branches et par l’écorce.